Dixième bulletin d’information.
Claire Vittori Challandes et Alain Challandes, pour le Centre Harmonie Corps & Sens

Il y a plus de 40 ans, l'anglais Robert Tisserand propagea dans tous les pays anglophones, par l'intermédiaire de son livre "The Art of Aromatherapy", la notion que seules les voies cutanées (massage, cosmétique, dermatologie) et aériennes (inhalation, psychologie) étaient valables dans l'application des huiles essentielles. Il condamnait même la voie orale qui pourtant, est et était la plus pratiquée par l'Ecole Française d'Aromathérapie.
En Suisse, la tendance actuelle au niveau législatif est de réduire l'art de l'aromathérapie uniquement à ses pouvoirs chimiques sur la substance matérielle du corps, c'est la raison pour laquelle une forte pression vis-à-vis des précautions d'emploi limite son potentiel d'utilisation. La plante n'est plus honorée pour son intelligence de coopération avec l'être humain.
Sans une connaissance élargie de toutes ses facultés guérissantes, la plante devient effectivement une menace au yeux du public novice. C'est la raison pour laquelle nous souhaitons le répéter encore et encore, les dosages sont à respecter, et cela s'apprend.
Au Centre Harmonie Corps & Sens, toutes les voies de rencontre entre l'huile essentielle et l'être humain s'inscrivent sur la palette des choix, et chaque choix est dicté par la situation observée. Les huiles essentielles ont aussi des capacités d'action énergétique et d'action sur notre conscience via notre système olfactif.
Inclure ces dimensions dans son travail de thérapeute est intéressant, voire passionnant, toutefois la vigilance reste de rigueur car pour certaines huiles, même si chimiquement elles semblent tolérables, il se peut que sur un autre plan elle nous indique des précautions spéciales à prendre. La plante de ce jour est l'une d'entre elles et vous découvrirez qu'il est parfois prudent d'utiliser une plante extraite selon un autre mode que celui de la distillation.

Faire macérer au soleil une récolte de plantes de MILLEPERTUIS (Hypericum perforatum) dans une huile végétale de tournesol et la filtrer après un mois d'exposition donne un produit merveilleux de la phytothérapie (thérapie par les plantes pour leur valeurs biochimiques naturelles): anti-inflammatoire en profondeur comme en surface du corps, régénérant les disques intervertébraux,... Cet extrait lipidique se range également du côté des produits associés de l'aromathérapie, avec les huiles végétales, les hydrolats, les phytogels, etc. On l'utilise pour diluer les huiles essentielles dans des applications par voie cutanée.
Sachons qu'un extrait sec, une tisane ou une teinture mère de millepertuis sont des produits exclusivement à but "phytothérapeutique". Dans le domaine des extraits de millepertuis, il nous reste l'huile essentielle qui elle, a connu le processus de la distillation, une expérience clé participant fondamentalement à la définition de l'aromathérapie (nous y reviendrons probablement dans un prochain courrier).
Comme nous vous avons habitué dans nos 9 premières Newsletter, l'observation de la forme de vie extérieure d'une plante nous offre une grille de lecture qui nous renseigne largement sur les arcanes qu'elle recèle en elle-même. Nous vous en offrons un premier indice: le principe du tout ou rien. Son non latin perforatum vient de "perforé", car on distingue dans les feuilles des petites fenêtres… tout plein ou tout vide. Les branches, les feuilles, les nervures, etc y sont toujours placées en opposition… tout d'un côté ou tout de l'autre.
Nommée la fleur de la St-Jean dont les fêtes se situent au solstice d'été et au solstice d'hiver… la journée la plus solaire ou la plus obscure de l'année. L'intégralité des molécules de l'huile essentielle sont "sèches", soit constituées uniquement de carbone et d'hydrogène, ce qui signifie qu'elles sont purement structurantes (pas de liant, pas d'oxygène, pas de matrice)… seuls deux éléments se côtoient: tout d'air ou tout de terre. Et pour souligner encore son absence d'eau, elle nous prouve sa maîtrise du feu lorsqu'on évoque les feux de la St-Jean, le jaune solaire de ses pétales contenant des pigments rouges, sa capacité super-anti-inflammatoire, etc. Elle nous signifie qu'elle maìtrise les brûlures du feu quelles qu'elles soient!
Nous rebondissons maintenant sur notre introduction: peut-on utiliser indifféremment les types d'extrait de millepertuis (huiles essentielle, macération, plante séchée, teinture mère…) pour une même situation ? Notre expérience et notre entendement répondent: NON. L'huile essentielle exprime une telle puissance par son odeur et son rayonnement que seul un thérapeute très conscient et expérimenté saura l'utiliser à profit dans des situations rares et extrêmes. Essayez par vous-même de sentir cette huile! Pour les autres extraits, le millepertuis (du latin "mille pouvoirs") requiert un peu moins de vigilance quant à son dosage. Toutefois l'hypéricine, cette molécule qui lui donne sa couleur rouge, a une action photosensibilisatrice dans son application par voie cutanée, et demande par conséquent de maìtriser son application

En conclusion, avant d'avoir bien intégré les pouvoirs de l'huile essentielle de millepertuis valables dans les situations existentielles extrêmes, nous vous conseillons d'abord de vous renseigner auprès d'un phytothérapeute ou un aromathérapeute expérimenté et de prendre d'autres extraits que l'huile essentielle de millepertuis! Et même dans le cas de l'exemple suivant d'une situation de dépression (le "tout ou rien" devient "tout haut ou tout bas"), la réponse thérapeutique n'est pas à prendre à la légère, mais cela vous le savez! L'accompagnement du millepertuis permet alors au système nerveux de retrouver la notion de centre, d'équilibre, de mesure.
Dans la nuit de l'âme, cette énergie subtile ouvre nos récepteurs à l'accueil de la lumière régénérante.